Identité

- Par Julien Leroux

L'artiste revient à la figuration dans cette toile qui dénote. Figuration toutefois organisée en-dehors de toute intention d’effet de perspective ou de réalisme.

L’accumulation des images, des formes, des personnages colorés - mélangés sans logique sémantique apparente - produit une vibration visuelle, un effet invasif et chargé pour le spectateur. Les éléments se devinent, se cherchent, on peut les saisir et les comprendre, sans réussir à les capter tous ensemble, à saisir le tout sans exception.

Sans y penser, l’artiste remplit avec ce qui lui passe par la tête tous les espaces disponibles, faisant de ce tableau le déversoir de ses pensées automatiques, des choses et des symboles qui l’habitent inconsciemment à cette période de sa vie.

Comme son art révèle certaines part de lui-même à l’artiste, la débauche des formes choisies est donc un témoignage désorganisé de sa psyché. En matérialisant les choses sur la toile, elle prend conscience de leur existence dans son monde intérieur, tout en les y ancrant pour de bon, par le simple fait de les avoir exprimées, révélées à sa conscience.

La silhouette rêveuse qui se juxtapose, immense, à l’image chargée de choses, de formes, de couleurs, tranche volontairement par sa teinte mais peine à s’abstraire du fond coloré du fait d’une saturation équivalente. La perturbation est étudiée : premier plan et second plan sont difficile à séparer visuellement, on ne peut faire abstraction de l’un ou l’autre. L’image de la femme au sourire vague penchée sur son épaule est la marque de l’identité qui domine le pêlemêle de son intériorité.

La personne visible, l’enveloppe extérieure en apparence calme et paisible, est le siège d’un vécu, d’expérience, de souvenirs, de pensées - d’une ébullition perpétuelle insoupçonnable. Voici sur ce tableau l’expression de la richesse et de l’agitation intérieures qui composent, plus que toute apparence, une identité.