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Brève sous la pluie

Dernière mise à jour : 4 mai

En trombe dans l'escalier

Ce bruit... La pluie

Je sors, pour entrer dans un parfum chaud, une odeur musquée, qui dans l'air humide triomphe de toutes les fragrances vertes et printanières.

Ça sent, ça sent... Je connais cette odeur... Ça sent...

La rose

Ce buisson aux fleurs flétries et molles, échevelées, d'un violet profond, un rosier...?

Je me penche. C'est intense, c'est bien cela, c'est bien lui qui embaume ce bout de trottoir sous la pluie, Mmm ! Quelle puissance!


Sous l'abri-bus, une dame aux cheveux gris et son caddy. Je salue. Et j'attends. C'est samedi. Peu de voitures dans l'avenue, assez peu pour que résonnent à qui mieux mieux de clairs chants d'oiseaux agiles, cristallins, aigrelets et rapides, de branche en branche au-dessus de nous. Je sors un peu pour les chercher - me prends une goutte sur le nez.

Cet arbre immense entre deux chênes... Mais oui, c'est bien un cerisier.


La chaleur du bus. Mon flegme sans pensées. Un peu de marche, puis un autre abri-bus, mais plus de roses ni d'oiseaux. Sur un mur, griffonné : "on n'est pas des bêtes". J'attends, je regarde au loin, une fille avance, va me croiser. Je sors mon téléphone pour regarder l'heure, pour faire quelque chose, pour n'avoir pas à la regarder (à la gêner) lorsqu'elle doublera l'abri-bus ; mes gants empêchent l'écran de s'allumer, j'insiste, je pense avec ironie que c'est bien ridicule, ce temps passé à secouer en vain mon téléphone ; la fille arrive à ma hauteur et je croise son regard.

Elle me regarde dans les yeux, sous sa capuche et ses longs cheveux bruns, et me sourit franchement. Je ne réfléchis même pas, mes yeux sont déjà baissés sur mon portable qui affiche "11h08" et je regrette immédiatement, je lève les yeux, elle est partie.

J'ai dans ma surprise esquissé un sourire avant de dérober mon regard et j'espère qu'elle l'a vu. Je songe que je n'ai pas reçu son sourire comme je l'aurais voulu, et surtout comme il méritait d'être répondu. Je regarde s'éloigner son manteau blanc, imitation mouton.

Ce n'était pas un sourire ironique ou provocateur, du tout ; c'était doux et sincèrement gentil.

Merci.

Il pleut toujours... C'est un jour gris.

La route tremble sous un voile de froide vapeur, et moi au chaud je vois se délier par la vitre du bus striée de longues larmes sans fin une verte campagne embourgeonnée.

C'est un jour de grand calme, d'attente, de repos ; de paix.


La pluie, une rose, un bonjour, des oiseaux, un sourire-soleil, et des amis que je vais retrouver : de petites choses qui aujourd'hui m'aident à me couler avec reconnaissance dans les bras de ma réalité. Bon week-end, souriez !

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