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Paris, j'arrive

Dernière mise à jour : 13 févr. 2022


Place 892

Me voilà dans le train, Ouigo Rennes-Massy avec surplus bagage volumineux et quel bagage ! Bien enveloppé de papier bulle et serré entre deux cartons, mon tableau le plus punchy de la bande ("À tout rompre", pour rappel un beau format où le rouge fait son show) a trouvé place dans le mince espace à bagages entre les sièges du carré et les autres. Ma place à moi ? Eh bien mais dans le carré, quelle question, évidemment puisque je déteste ça, les carrés, j'y suis tout le temps n'est-ce pas une loi perverse et systématique de ce faux-jeton de hasard ? Tant mieux, les gens autour (et dans mon carré) sont sages et résignés. Une fillette devant moi s'ennuie, sa mère tripote son téléphone, elles ne se parlent pas. Un nourrisson a poussé des cris perçants avant notre départ et j'ai craint pour le calme contemplatif et rythmé que je goûte pendant les voyages en train, mais depuis le départ seule la voix nasillarde du contrôleur dans l'interphone trouble le silence, et mes pensées.


Moment de paix dans le roulis

Ça y est, après un lent départ, nous roulons paisiblement à travers la campagne. J'oublie presque chaque fois quel bonheur est le mien à la vue du paysage qui défile, campagne et hameaux sous un vaste ciel irisé. Le TGV accélère, la campagne à ma fenêtre aussi. Cela m'évoque un poème de Jean Tardieu, "Voyage avec monsieur monsieur". Lisez-le et imaginez-vous dans ce train à mes côtés, alors que l'or du soleil déclinant inonde soudain la rase verdure des champs et leurs fines coutures d'arbres en files indiennes, corolles de dentelle sombre sur le ciel rosé. Perchoir d'observation idéal, mon siège au chaud à l'étage de ce TGV me prépare doucement au voyage à venir.


L'amour des voyages, toujours

Le stress éventuel d'un départ, l'excitation pour le projet qui le motive, la hâte de retrouvailles et de découvertes sont des prémisses utiles mais rien ne vaut le déplacement physique, ce moment concret d'une progression dans l'espace, le fait de n'être soudain plus là sans encore être ailleurs, pour se préparer à changer d'état. N'est-ce pas pour cela que l'on aime partir, pour la conversion de nous actifs, pensifs et occupés, en un soi libre de son quotidien et tourné vers ce qui l'entoure ?

Pleine vue sur Laval en contrebas. Le train passe en un éclair au-dessus d'une large rivière où se mire la ville palindrome et son clocher. Dans la lumière rose, c'est une vue superbe. Depuis des années ce panorama soudain me cueille à l'improviste et, une fois encore, je rate une possible photo... Tant pis, j'ai des centaines de clichés de paysages vus du train, toujours en deçà de leur beauté réelle. J'ai des centaines de textes aussi. Puisque me voilà quelques heures devant un paysage fuyant, je vais plutôt le contempler et doucement m'endormir avec le soleil. Quand il enflamme le ciel d'un spectre éclatant, je ne peux m'empêcher une photo d'admiration. Quelle leçon pour une peintre de la couleur !


Paris ça s'organise, et les copains ça aide

À Paris, je dormirai chez une super copine, avec qui je rigoler et me sentir confiante. Deux autres amies de la même précieuse sorte m'accueilleront ensuite, car je reste neuf jours. J'espère avoir du temps pour d'autres amusements et sorties parisiennes. Cette ville où j'ai vécu longtemps est un épuisement perpétuel, mais elle porte la douceur du souvenir, le parfum de ma vie d'étudiante, le foisonnement de plaisirs rares en campagne, et des copains ! Pour accompagner les verres en terrasse, qui dit mieux ? Mon programme est souple, imprécis, mais c'est mieux. La capitale m'infusera bien assez vite son stress ambiant, celui des multitudes et des bruits citadins.


Première étape : l'accrochage

Demain dimanche le 13, j'accroche ma toile avec le groupe de Mr Lévy. Je suis en relation avec l'initiative formidable de Marlène Hue : ArtTrip, galerie itinérante, soit une rassembleuse d'artistes pour participer à des expositions choisies ou qu'elle organise. Je suis passée par elle pour participer à la foire d'Art Capital, ce qui me vaut l'avantage sécurisant d'intégrer le box du galeriste complice d'ArtTrip plutôt que ce ne soit l'association des Artistes Indépendants qui gère directement ma participation. Demain, je rencontrerais Mr Lévy pour l'accrochage et la mise en place. J'ai reçu par courrier les consignes générales, des invitations (offertes ici et là) et mon badge d'exposante, sésame indispensable pour la durée de l'événement. J'ai vraiment hâte d'entrer dans les coulisses, c'est toujours le moment de l'accrochage d'une exposition le plus enrichissant. Beaucoup d'artistes sont présents en général, et participer avec eux à monter leurs oeuvres ouvre toujours le dialogue avec un naturel sans égal. Lorsque j'étais médiatrice et que l'occasion se présentait, c'était au montage que je posais mes questions les plus précises, tout en sympathisant. Comprendre l'intention derrière l'oeuvre, autant que son concept ou ses enjeux intrinsèques (pas toujours tous connus de l'artiste lui-même) est essentiel pour faire comprendre une oeuvre, ou bien dirais-je plutôt, pour créer une juste attention.


Demain à 14h, j'accroche ma toile. J'entre dans ce cadre d'expo grandiose, mon décor pour la semaine à venir, terrain d'exploration, d'inspiration, de réseautage puisqu'il le faut et de rencontres. Sans être contrainte d'y rester toute la journée et tous les jours, je vais déambuler pour la première fois en tant qu'artiste exposant dans une foire. Excitant ! Si vous ne pouvez venir, ne vous en faites pas : je vous raconterai tout. À bientôt !




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